La bita, un rhum arrangé avec des écorces d’arbres, serait à l’origine de plusieurs décès et de l’hospitalisation de onze autres personnes, en Guyane.

Un homme est décédé samedi en Guyane et onze autres personnes ont été hospitalisées, dont plusieurs dans un état grave, à la suite de l’absorption d’un rhum artisanal. « Ces personnes présentent soit des syndromes neurologiques, avec des paralysies, soit des ulcères du système digestif ou de l’œsophage », a déclaré Jean-Luc Granjeon, le directeur de la santé et du développement social (DSDS).

« Il y a quelques jours, les médecins ont fait le lien avec la consommation de ‘bita‘, un rhum arrangé avec des écorces d’arbres. Pour le moment, ce sont de fortes suspicions, un échantillon de ce rhum a été confié jeudi à l’Institut Pasteur de Cayenne pour une première analyse toxicologique, et d »autres analyses sont en cours », a ajouté Jean-Luc Granjeon.

Plusieurs décès

« Il y aurait trois décès lié à ce produit, l’un hier à l’hôpital de Saint Laurent – un monsieur assez âgé avec un tableau clinique compliqué – un autre à Paramaribo, au Surinam, et un troisième décès, en forêt, qui n’a pas été confirmé. Ces trois personnes auraient consommé ce rhum ensemble », a indiqué le directeur de la DSDS. Deux ou trois patients présentant des paralysies, et ont été orientés vers Cayenne ou la Martinique pour y être hospitalisés.

Le directeur de la santé et du développement social a fait une déclaration auprès du procureur de la République pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Dans un communiqué, la préfecture de Guyane a indiqué qu’il était « très fortement conseillé de ne pas consommer cette boisson »? En Guyane, certains rhums de ce type ont la réputation se servir de stimulant sexuel.

La suite de l’histoire

La bita frelatée, à l’origine de 41 cas de paralysie, dont deux décès, pourrait révéler son mystère dans les prochaines semaines. Le Musée de l’homme, à Paris, a identifié une écorce dans une bouteille à l’origine de la maladie. Il s’agit du geissospermum, aussi appelé « maria congo » , ou « bergi bita » au Suriname.
Or, la littérature scientifique évoque des cas de paralysie provoqués par cette écorce et un arbre suspect a été trouvé dans l’Ouest, dans le secteur d’Apatou.
Jean-Luc Grangeon, directeur de la Santé et du développement social (DSDS), ne cache pas son espoir : « Cette piste reste floue, mais elle pourrait expliquer qu’il y ait beaucoup de cas. Elle pourrait montrer que tout le monde s’est trompé. »

Le problème de la bita apparaît en juin, mais d’autres cas de paralysie se sont produits en début d’année. Les médecins craignent qu’il s’agisse de patients qui ont réagi plus ou moins vite à un même problème. D’autres cas pourraient alors surgir à l’avenir. Mais le geissospermum découvert dans l’Ouest pourrait fournir une autre explication.
L’arbre en cause aurait été abattu et débité il y a plusieurs mois. L’hypothèse des scientifiques est que les producteurs de bita seraient allés plusieurs fois chercher de l’écorce. « Cela expliquerait le lien entre le nombre de cas et l’inconstance de leurs apparitions » , ainsi que la quarantaine de cas survenus à Albina, poursuit le DSDS.
Des spécialistes parisiens se penchent à leur tour sur le cas des malades de la bita. Si l’hypothèse du maria congo s’avère, la molécule en cause pourrait être identifiée d’ici fin août.

Pour Jean-Luc Grangeon, il est probable que l’utilisation de l’écorce de geissospermum, si elle est avérée, soit « accidentelle » .

Début juillet, Joseph Aténi, ancien maire de Papaïchton, penchait pour la thèse volontaire et donc criminelle, lors d’un colloque des autorités coutumières bushinenguées, à la Région. Sur ce point, l’enquête judiciaire tentera de trouver la réponse.

Source : Guyane la 1ère, franceguyane.fr

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